L’Essor de la Parahôtellerie : Une Révolution Silencieuse dans le Secteur de l’Hospitalité
- Domus Management
- 1 oct. 2024
- 4 min de lecture

Depuis quelques années, le marché de la parahôtellerie au Maroc connaît une croissance spectaculaire, transformant le paysage de l’hospitalité et attirant de plus en plus d’investisseurs. Cette dynamique est portée par l’évolution des attentes des voyageurs et l’émergence de nouveaux types d’hébergements allant bien au-delà des hôtels traditionnels : appart’hôtels, maisons d’hôtes, riads, résidences de tourisme, camps de luxe etc...
Cependant, ce secteur ne peut prospérer sans une réglementation adaptée, qui cherche à équilibrer flexibilité et professionnalisation.

Réglementation Marocaine : Un Cadre en Mutation
Le secteur parahôtelier au Maroc est régi par une série de lois et de décrets visant à encadrer les établissements d'hébergement alternatif. Selon le Décret n° 2-10-84 relatif à la classification des établissements de parahôtellerie, ces structures doivent respecter certains critères de sécurité, de confort et de qualité de services pour pouvoir obtenir une autorisation d'exploitation. Par ailleurs, le Code du Tourisme (loi n° 61-00) impose aux maisons d’hôtes et résidences de tourisme d’être enregistrées auprès du Ministère du Tourisme et de se conformer aux normes locales pour garantir un accueil de qualité aux voyageurs.
Toutefois, plus de 40 % des établissements parahôteliers ne seraient pas encore conformes ou opéreraient de manière informelle, selon les statistiques de la Fédération Marocaine du Tourisme. Cette situation limite la croissance du secteur tout en rendant difficile la mise en place de standards harmonisés à l’échelle nationale.

La Parahôtellerie : Des Chiffres qui Témoignent d’un Boom Global
À l’échelle mondiale, la parahôtellerie est en pleine expansion. Le marché des hébergements alternatifs a été évalué à $83 milliards en 2023 et devrait atteindre $110 milliards d’ici 2027, avec une croissance annuelle de 7,6 % (source : Allied Market Research). Au Maroc, ce secteur représente environ 25 % de l’offre totale d’hébergement touristique, selon le Ministère du Tourisme, avec une progression annuelle de 5 % sur les trois dernières années.
Un Marché Attractif pour les Investisseurs Hors Secteur
Contrairement à l’hôtellerie classique, le marché parahôtelier attire une nouvelle catégorie d’investisseurs : des propriétaires immobiliers privés, des entrepreneurs et même des professionnels de l’immobilier qui n’ont pas d’expérience préalable dans le secteur de l’hospitalité. Selon une étude de Colliers International, près de 60 % des investisseurs dans les riads et maisons d’hôtes au Maroc proviennent de milieux étrangers à l’hôtellerie et au tourisme.
Pourquoi cet engouement ? D’une part, ces établissements nécessitent des coûts d’entrée inférieurs comparés à un hôtel de taille moyenne. D’autre part, ils permettent une flexibilité accrue, offrant la possibilité de transformer un ancien riad ou une villa en un projet rentable avec un Retour sur Investissement (ROI) pouvant atteindre jusqu’à 12-15 % sur certaines niches bien positionnées comme les riads de luxe à Marrakech ou les résidences de charme à Essaouira.

Comparaison entre Hôtellerie et Parahôtellerie : Un Modèle qui se Redéfinit
Alors que l’hôtellerie traditionnelle au Maroc a longtemps dominé le paysage touristique, la parahôtellerie se positionne désormais comme un concurrent sérieux, en particulier pour les segments de voyageurs en quête d’expériences plus personnalisées et immersives.
Voici un aperçu comparatif :
Critère | Parahôtellerie | Hôtellerie Traditionnelle |
Investissement Initial | Modéré, idéal pour des projets à petite échelle | Élevé, avec des exigences réglementaires strictes |
Réglementation | Plus souple, mais en cours de structuration | Normes très précises (catégorisation, sécurité, hygiène) |
Expérience Client | Immersive, conviviale, axée sur le lien humain | Standardisée, avec des services formels |
Rendement | ROI élevé pour des niches bien positionnées | Stable, mais dépendant du marché global |
Gestion | Peut être complexe, nécessite des compétences spécifiques | Professionnelle, généralement bien rodée |
Les appart’hôtels par exemple, sont de plus en plus populaires dans les grandes villes comme Casablanca et Rabat, où ils répondent à la demande croissante de logements flexibles pour les voyageurs d’affaires. En 2022, les appart’hôtels ont affiché un taux d’occupation moyen de 78 %, contre 65 % pour les hôtels 3 étoiles dans ces mêmes villes (source : STR Global).

Perspectives d’Avenir : Professionnalisation et Valorisation
Pour répondre à cette demande croissante, le Maroc doit renforcer la professionnalisation de son secteur parahôtelier. Selon le World Travel & Tourism Council, la part de marché des hébergements alternatifs pourrait doubler d’ici 2030 si les autorités marocaines mettent en place des mesures incitatives et des programmes de formation spécialisés pour les propriétaires et gestionnaires.
Les partenariats avec des opérateurs spécialisés (gestionnaires de propriétés, consultants en hôtellerie) deviennent également incontournables pour aider les investisseurs à structurer leurs projets, à optimiser leurs revenus, et à s’adapter aux exigences de la clientèle internationale. Un projet de conversion de maison traditionnelle en maison d’hôtes, par exemple, nécessite en moyenne un accompagnement sur 6 mois pour ajuster l’offre, développer une stratégie de marketing adaptée et garantir la conformité légale.
Vers une Nouvelle Ère de la Parahôtellerie
Le futur de la parahôtellerie au Maroc est prometteur, mais il repose sur la capacité des acteurs à combiner l’authenticité et l’expérience unique avec des standards professionnels. Pour réussir, il faudra non seulement séduire les voyageurs à la recherche d’authenticité, mais aussi rassurer les investisseurs sur la rentabilité et la sécurité de leurs projets.
En conclusion, la parahôtellerie n’est plus une simple alternative à l’hôtellerie traditionnelle ; elle en devient un pilier complémentaire, attirant une nouvelle vague d’investisseurs et redéfinissant les contours du secteur touristique marocain.
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